QU’EST-CE QUE L’HOMÉOPATHIE ?

L’homéopathie est pratiquée un peu partout dans le monde par de nombreux professionnels de la santé : des médecins, des dentistes, des pharmaciens, des vétérinaires, des homéopathes, des naturopathes, des chiropraticiens, des praticiens de la médecine ayurvédique…

Créée au début du 19e siècle par Samuel Hahnemann, elle repose essentiellement sur deux fondements : la loi de similitude et le procédé des hautes dilutions.

La loi de similitude

Similia similibus curentur : le semblable guérit le semblable. Ce principe, qui remonte à Hippocrate, veut qu’une substance qui provoque un groupe de symptômes chez une personne en santé puisse guérir une personne malade chez qui se manifeste le même groupe de symptômes. C’est ce principe qui a donné son nom à l’homéopathie, un mot issu du grec homeo et pathos qui signifient respectivement « similaire » et « maladie ou souffrance ».

Le procédé des hautes dilutions

Selon ce fondement, la dilution d’un remède peut en augmenter les effets curatifs. Les remèdes homéopathiques sont dilués plusieurs fois dans un mélange d’eau et d’alcool. Entre les dilutions successives, on administre au remède une série de secousses, qu’on appelle les succussions dans le jargon des homéopathes.

HISTOIRE

DEUX CENTS ANS D’HISTOIRE

Samuel Hahnemann (1755-1843), un médecin allemand, était également chimiste et linguiste. Insatisfait des techniques médicales de son époque, il délaissa, en 1784, la pratique de la médecine pour colliger, traduire et réviser divers ouvrages de pharmacologie rédigés en allemand, français, anglais, italien et latin.

En 1790, tandis que Samuel Hahnemann traduisait la Materia Medica d’un médecin écossais, il se trouva en désaccord avec l’auteur, qui mentionnait que l’efficacité du traitement de la malaria reposait sur l’amertume et l’astringence de l’écorce de quinquina (dont on tira plus tard la quinine). Il remarqua, à juste titre, que d’autres plantes tout aussi amères et astringentes ne provoquaient aucun effet contre la maladie. Par curiosité, il ingéra un peu de l’écorce durant quelques jours et découvrit que la substance provoquait chez lui des symptômes similaires à ceux de la malaria, comme de la fièvre intermittente et de la diarrhée.

Cela lui rappela la loi de similitude, évoquée dans le Cursus Hippocraticus. Six ans plus tard (1796), il publiait, dans une revue scientifique, un essai sur « une nouvelle approche pour identifier les propriétés curatives des médicaments ».

Depuis sa première expérience avec l’écorce de quinquina, il avait expérimenté sur lui-même, ainsi que sur ses collaborateurs et ses proches, diverses substances dont il avait pu établir la pathogénie, c’est-à-dire l’ensemble des symptômes provoqués par l’administration expérimentale d’un médicament à un sujet sain. Il avait également développé la technique des dilutions afin de contourner le problème de la toxicité de certains produits. C’étaient les débuts de l’homéopathie.

En 1799, les idées d’Hahnemann gagnèrent de la crédibilité lorsqu’il réussit, grâce à un remède homéopathique, à prévenir et à traiter la scarlatine qui atteignait des proportions épidémiques en Allemagne. En 1810, il publiait l’Organon médical, qui devait constituer le véritable manuel fondateur de l’homéopathie. Cette technique thérapeutique connut un remarquable essor en Europe et fut introduite en Amérique en 1825 par Hans Burch Gram, un médecin de Boston qui avait étudié l’homéopathie en Europe.

La première école médicale américaine d’homéopathie, le Hahnemann Medical College and Hospital, fut fondée en 1835. En 1849, pendant que le choléra faisait rage dans la ville de Cincinnati, deux homéopathes publièrent des statistiques indiquant que seulement 3 % des 1 116 patients qu’ils avaient traités étaient morts des suites de la maladie. Pourtant, à cette époque, on estimait qu’entre 33 % et 50 % des patients atteints de cette maladie en mouraient.

Entre la fin du 19e et le début du 20e siècle, la pratique de l’homéopathie connut un très grand essor en Europe et en Amérique du Nord. Toutefois, au 20e siècle, la création de médicaments allopathiques d’une extrême efficacité, comme les antibiotiques, fit beaucoup reculer la pratique de l’homéopathie. Il faudra attendre la fin de ce siècle pour voir apparaître un regain d’intérêt pour la technique.

À l’Organisation mondiale de la santé, on faisait remarquer, en 1994, que l’homéopathie avait été intégrée avec succès aux systèmes de santé publique de plusieurs pays, notamment l’Allemagne, la France, l’Angleterre, l’Inde, le Pakistan, le Sri Lanka et le Mexique. On dénombre 11 000 médecins qui pratiquent l’homéopathie en France, en Angleterre et en Allemagne, de même que 10 000 en Amérique latine. En Angleterre, 42 % des médecins qui ne pratiquent pas l’homéopathie n’hésitent pas à diriger leurs patients vers un homéopathe.

LA MÉTHODE HOMÉOPATHIQUE

L’homéopathie se base sur la prémisse que le corps possède l’énergie vitale requise pour générer un processus naturel de guérison. Ainsi, Hahnemann soutenait, à l’encontre de la tendance dominante des scientifiques, qu’il importait moins de connaître la cause spécifique de la maladie que de trouver les moyens de stimuler le processus naturel de guérison inhérent à tout organisme vivant.

Ainsi, l’homéopathe s’efforce d’identifier minutieusement tous les symptômes du patient afin de déclencher ou de soutenir le processus de guérison correspondant. Le praticien cherchera donc à savoir quand et comment les symptômes se manifestent, ce qui les amplifie ou en diminue l’intensité, les heures où ils apparaissent, les actions qui les aggravent ou les soulagent, etc.

Ainsi, deux patients souffrant de la même maladie, au sens de la médecine classique, pourraient se voir prescrire des remèdes homéopathiques différents parce que leur constitution diffère ou que leurs symptômes spécifiques ne sont pas les mêmes. Par exemple, tous deux pourraient avoir le rhume, mais pas les mêmes écoulements nasaux. Les homéopathes disposent aujourd’hui de bases de données informatisées qui les aident à choisir les remèdes en fonction des innombrables combinaisons de symptômes et de la constitution de leurs patients.

LES DILUTIONS

Une préparation homéopathique qui porte la mention 6X désigne un remède dans lequel l’extrait original a été dilué (généralement dans un mélange d’eau et d’alcool) 6 fois, à raison d’une part de l’extrait pour neuf parts de solvant chaque fois. C’est ce qu’on appelle une basse dilution ou une dilution décimale. À chaque étape, c’est-à-dire 6 dans le cas présent, le mélange aura été dynamisé en lui administrant 100 secousses.

On trouve également des dilutions centésimales (une part de l’extrait original pour 99 parts de solvant, à chaque dilution) qui sont désignées par la lettre C, et des dilutions millésimales portant la lettre M (une part d’extrait pour 999 parts de solvant). Ces deux derniers types de préparation constituent des hautes dilutions.

On voit souvent la lettre H (pour Hahnemann) accolée aux symboles X, C ou M (par exemple, 30CH). Cela identifie les dilutions hahnemanniennes que nous venons de décrire.

Certaines dilutions sont préparées selon un procédé légèrement différent mis au point par un autre homéopathe contemporain d’Hahnemann, le docteur Korsakov. Les dilutions korsakoviennes, qui sont généralement identifiées par un K, seraient plus efficaces que les hahnemanniennes en basse dilution, mais les deux procédés donneraient des résultats équivalents en haute dilution.

En homéopathie, on estime que les remèdes préparés en haute dilution ont une durée d’action plus longue que ceux qui sont préparés en basse dilution, mais que leur début d’action est plus lent. Une fois l’extrait dilué, il est présenté sous forme de comprimés, de granules (petites boules solubles, dont la base est généralement du sucrose, qu’on laisse fondre sous la langue) ou de solutions que l’on prend quelques gouttes à la fois. Pour les usages topiques, on trouve également certaines préparations homéopathiques sous la forme de lotions ou d’onguents.

COMMENT UTILISER LES REMÈDES

Les remèdes homéopathiques sont absorbés sous la langue.

Comprimés et granules

Placez-les sous la langue et laissez-les fondre.

Forme liquide

Ajoutez le nombre de gouttes recommandé à 1 ou 2 cuillères à soupe d’eau, puis remuez en bouche pendant 30 secondes avant d’avaler.

Recommandation

La nourriture et le dentifrice peuvent nuire à l’absorption des remèdes homéopathiques. C’est pourquoi on recommande de les prendre au moins 5 minutes avant de manger ou de se brosser les dents et au moins 30 minutes après. Il est également préférable d’attendre 2 minutes entre la prise de deux remèdes.